le 18 juin 2021
Diplôme d’ingénieur en génie civil à l’I.N.S.A. Toulouse, multiples expériences dans le génie civil et maintenant direction de Capocci, entreprise francilienne de travaux publics, spécialisée dans les terrassements techniques et la démolition. Le parcours d’Asmaâ Senhadji dit tout de sa passion pour l’univers des travaux et de la construction. Portrait d’une bosseuse qui accorde chantier au féminin.
Le B.T.P. ça combine l’humain, le collectif et la technique !
Il suffit de quelques minutes pour comprendre qu’elle a la passion du B.T.P. (Bâtiment Travaux Publics) chevillée au corps. Elle, c’est Asmaâ Senhadji, ingénieure de formation devenue depuis trois ans directrice opérationnelle de Capocci, entreprise spécialisée dans le terrassement, la démolition et depuis peu, la gestion des terres polluées. Pour Asmaâ, le B.T.P. c’était une vocation : « Je voulais faire quelque chose de concret et très vite je me suis orienté vers le B.T.P. et l’architecture, ça combine l’humain, le collectif et la technique ! » Élevée au Maroc dans une famille où tous sont encouragés à faire ce qu’il leur plaît et avec une tante ingénieure pour modèle, elle ne s’est fixée aucune limite.
Au fil des nombreuses et enrichissantes expériences dans le sud de la France d’abord (ingénieure travaux sur la construction du Pont Bacalan-Bastide [Chaban-Delmas aujourd’hui] à Bordeaux, ligne TGV Bordeaux-Tours, tramway T6 de Vélizy, prolongement de la ligne 14 du métro parisien…), elle a appris à se faire une place dans un secteur historiquement dominé par les hommes, grâce à ses compétences et son savoir-être, même si ce n’était pas toujours facile. « Bien sûr, j’ai dû faire davantage mes preuves et certains de mes collègues ont opposé parfois de la résistance et cela arrive encore aujourd’hui, même si c’est sans doute un peu plus simple maintenant que je suis directrice ! » Si les croyances peuvent être difficile à changer, Asmaâ reste « persuadée qu’il y a besoin de toutes les sensibilités et compétences pour avancer. » Et ce n’est pas la belle évolution de l’entreprise depuis son arrivée au moment des études sur le Grand Paris qui viendra la contredire.
S’engager pour mieux évoluer
La série de la SOLIDEO « Les Bâtisseurs des Jeux : les acteurs de la relance » met en lumière les acteurs essentiels à la préparation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Ils présentent les marchés à venir : des opportunités pour bâtir les espaces urbains de demain avec les acteurs du territoire (TPE et PME). Rencontre avec Laurent Buissart, Directeur de projet chez SPIE BATIGNOLLE et Asmaâ Senhadji, Directrice chez CAPOCCI.
« Le Grand Paris a été un véritable tremplin pour nous, une très belle aventure qui nous permet de grandir et de nous diversifier ! » En effet, en six ans, la P.M.E. francilienne est passée de 40 à environ 160 salariés, les chantiers du futur métro nécessitant beaucoup de personnel et de profils différents. « D’une part, le Grand Paris nous a confirmé dans notre expertise en matière de terrassement et de creusements en souterrain. Nous nous sommes même diversifiés car des chantiers d’une telle envergure demandent davantage de spécialités » Ceci, en plus de l’importante manne financière que représente le Grand Paris et qui explique aussi la croissance connue par Capocci ces dernières années. Mais pour la directrice opérationnelle, cette évolution a impliqué d’anticiper les choses, d’investir et de se structurer. « La plupart des entreprises qui ont su se préparer et ont cru en ce projet en prenant des risques ont connu de belles évolutions. » Parmi les chantiers obtenus par Capocci (engagé en groupement), citons par exemple la gestion des déblais de l’Installation Terminale Embranchée et le terrassement de la gare Bry-Villiers-Champigny : « 80 000 m3 à évacuer en 100 jours : un record technique et humain pour l’entreprise ».
Mais chez Asmaâ Senhadji, l’engagement personnel n’est jamais bien loin de l’investissement professionnel. Il y a deux ans, elle participe à la création de l’association Les SouterReines : « L’idée était de créer un cadre libre pour échanger entre femmes du B.T.P. afin de s’entraider, créer un vrai réseau professionnel, de lever les freins à l’embauche des femmes et d’apporter des solutions très concrètes, allant de la configuration du bungalow de chantier à l’accès aux vestiaires […] mais nous ne sommes pas un cas isolé en la matière, l’informatique, la Recherche & Développement par exemple, connaissent les mêmes problématiques ». Selon elle, le secteur est en train de changer mais le chemin est encore long pour faire évoluer les consciences et montrer que les femmes ont leur place sur les chantiers. Elle précise que le bureau de l’association reste exclusivement féminin mais compte 40 % d’hommes parmi ces adhérents.
« La sensibilisation de cette problématique passe par des actions ciblées, des tables rondes, des visites de chantier et beaucoup de communication surtout auprès des jeunes, dans les collèges et les écoles… »
Telle est la clé selon Asmaâ : la communication et la formation !
« Le B.T.P., c’est un domaine où l’on crée de la valeur tous les jours, où les liens humains sont forts, où l’on parle technique, il est certes soumis aux aléas mais cela nous rend plus riche tous les jours.[…] Il faut dépoussiérer l’image du BTP, montrer que c’est ouvert à tous et à toutes… Si tu en as envie, c’est possible ! ».
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Catégorie « Le chantier du siècle et ses métiers : Rentrez dans l’histoire » >>> 53’30